La Turquie

DES STEPPES A L’ANATOLIE (XI°)
 
L’histoire des Turcs commence dans les steppes d’Asie centrale.

Dès le 2ème millénaire AJC, des sources chinoises mentionnent des tribus qui nomadisent dans les steppes entre la Chine du Nord et le Lac Baïkal, au nord de l’actuelle Mongolie. C’étaient d’excellents cavaliers vivant sous la tente, organisés en tribus et en clans sous l’autorité d’un Khan (chef). Ils sont appelés par les historiens chinois T’ou-kiu, transcription de Türük (fort).

En 552, ils fondèrent le premier empire turc s’étendant du lac Balkach au Baïkal.

Au VIII°, les Turcs sont installés en Mongolie où ils ont fondé l’État des Ouïgours (Indo-européens turquisés) alors que l’une de leurs branches, les Khazars, s’établit sur la Volga et se convertit au… judaïsme !

Les tribus turques s’éloignent bientôt définitivement de leur région d’origine et leur histoire se différencie alors de celle des Mongols. Alors que ces derniers se dirigent vers l’est, les Turcs se déplacent progressivement vers l’Ouest où ils entrent en contact avec l’Islam dès le IX° par intermédiaire de la dynastie iranienne des Samanides.

Au X°, ils s’installent en Transoxiane (capitale Boukhara, actuel Uzbékistan) et occupent à la fin du X° une place de premier plan dans le monde islamique.

A partir du XI°, des tribus entrent au service des émirs perses, se convertissent à l’islam et se lancent à la conquête de l’Inde du nord.
 
A la même époque, sous le commandement de Toghrul-beg (petit-fils d’un Khan kirghize dénommé Seldjouk, d’où le nom de Seldjoukide donné à sa horde), ils prennent Bagdad, capitale de l’empire arabe. Les Turcs seldjoukides s’emparent de l’Arménie et s’installèrent en Anatolie après une écrasante victoire sur l’empereur byzantin en 1071. Sur les territoires enlevés aux Grecs, ils fondent le sultanat de Roum (déformation du mot Romains, ce sultanat s’étant constitué aux dépens de l’empire romain d’Orient).

Byzance étant dès lors menacée appelle l’Occident à la rescousse. Le pape Urbain II lance à Clermont un appel à combattre les infidèles. C’est la première croisade 1096-1099.

 
L’EXPANSION OTTOMANE (XIII° – XVII°)
 
A la fin du XIII°, une tribu tout juste arrivée de la steppe s’installe sur les ruines du sultanat de Roum. Son Khan est un Turc du nom d’Osman ou Othman, d’où le nom d’Ottoman qui sera porté par ses membres.

Orkhan, le fils d’Osman 1er, enlève aux Byzantins leurs dernières possessions d’Anatolie et en 1353, il traverse le détroit du Bosphore. C’est lui qui créera l’organisation administrative du futur empire et le corps des Janissaires.

Son fils, le sultan Mourad 1er soumettra les Balkans, puis la Serbie en 1389.
Après un répit de 50 ans, conséquence de la victoire de Tamerlan sur le sultan turc Bajazet, Constantinople est finalement conquise en 1453 et devient sous le nom d’Istanbul la capitale de l’empire ottoman.

Au XVI°, le nouvel empire, à cheval sur l’Occident chrétien et l’Orient à majorité musulmane sunnite, va vivre une brève apogée sous le règne de Soliman le législateur, surnommé en Occident le Magnifique (1520-1566) avec lequel le roi de France François 1er nouera une alliance contre Charles Quint.

Vienne est assiégée sans succès en 1529. Mais toute l’Europe balkanique et la Hongrie tombent sous la coupe des Turcs, de même que l’ancien empire arabe de Bagdad et le Maghreb, sauf le Maroc qui conservera toujours son indépendance. Les sultans laissent une grande autonomie aux peuples assujettis, se contentant de prélever l’impôt spécial aux non-musulmans et d’enlever des enfants chrétiens pour en faire de futurs janissaires.

Après la mort du sultan Soliman (1566), l’empire turc entre en décadence. Dès 1571, les Turcs subissent une mémorable défaite navale à Lépante face à une flotte espagnole et vénitienne. C’est seulement après leur nouvel échec devant Vienne en 1683 et leurs défaites successives face au prince Eugène qu’elles cessent définitivement d’être une menace pour les Européens.

En 1683, l’Empire ottoman atteint ses frontières maximales.

L’Empire, réduit à l’Anatolie, la région d’Istanbul et le monde arabe, disparaîtra à l’issue de la Première Guerre mondiale pour laisser la place à l’actuelle République turque (1923).